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« — Retournons au château.

« — Jamais de la vie ! Nous sommes venus pour arrêter Selden, nous l’arrêterons. Le prisonnier nous aura à ses trousses, et nous, un chien-fantôme aux nôtres !… En avant ! Nous verrons bien si le diable a lâché sur la lande tous les démons de l’enfer. »

« Toujours guidés par la petite lueur qui scintillait devant nous, nous reprîmes notre marche, en trébuchant à chaque pas dans les broussailles.

« Par une nuit noire comme une gueule de four, on se trompe facilement dans l’évaluation de la distance à laquelle on croit apercevoir une lumière. Elle nous paraissait parfois très éloignée, tandis qu’à certains moments nous l’aurions crue seulement à quelques mètres de nous.

« Nous la découvrîmes enfin. En la collant avec sa propre cire, on avait fiché une bougie dans une crevasse de rochers. Cette précaution avait le double avantage de la préserver du vent et de ne la rendre visible que du château.

« Un bloc de granit dissimulait notre présence.

« Accroupis derrière cet abri, nous avançâmes la tête pour examiner ce phare minuscule.

« Cette simple bougie, brûlant au milieu de la lande sans autre signe de vie autour d’elle, était un bizarre spectacle.

« — Que faire ? murmura sir Henry à mon oreille.

« — Attendre, répondis-je sur le même ton. Notre homme doit se tenir à proximité de sa lumière. Tâchons de l’apercevoir. »