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Comme je descends en ligne directe de Hugo Baskerville et que je tiens cette histoire de mon père, qui la tenait lui-même du sien, je l’ai écrite avec une conviction sincère en sa véracité. Je voudrais que mes descendants crussent que la même justice qui punit le péché sait aussi le pardonner miséricordieusement, et qu’il n’existe pas de si terrible malédiction que ne puissent racheter le repentir et les prières. Je voudrais que, pour leur salut, mes petits enfants apprissent, non pas à redouter les suites du passé, mais à devenir plus circonspects dans l’avenir et à réprouver les détestables passions qui ont valu à notre famille de si douloureuses épreuves.

« Au temps de notre grande révolution, le manoir de Baskerville appartenait à Hugo, de ce nom, homme impie et dissolu. Ses voisins lui auraient pardonné ces défauts, car la contrée n’a jamais produit de saints ; mais sa cruauté et ses débauches étaient devenues proverbiales dans la province.

« Il arriva que Hugo s’éprit d’amour (si, dans ce cas, l’emploi de ce mot ne constitue pas une profanation) pour la fille d’un cultivateur voisin. La demoiselle, réservée et de bonne réputation, l’évitait, effrayée par son mauvais renom.

« Une veille de Saint-Michel, Hugo, de concert avec cinq ou six de ses compagnons de plaisir, se rendit à la ferme et enleva la jeune fille, en l’absence de son père et de ses frères. Ils la conduisirent au château et l’enfermèrent dans un donjon ; puis ils descendirent pour achever la nuit en faisant ripaille, selon leur coutume.