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Là-bas, un faux pas conduit à une mort certaine — homme ou bète. Pas plus tard qu’hier, j’ai vu s’y engager un des chevaux qui errent sur la lande. Il n’en est plus ressorti… Pendant un moment, sa tête s’est agitée au-dessus de la vase, puis le bourbier l’a aspiré ! On ne la traverse pas sans danger dans la saison sèche ; mais après la saison d’automne, l’endroit est terriblement dangereux. Et cependant je puis m’y promener en tous sens et en sortir sans encombre. Tenez ! voilà encore un de ces malheureux chevaux ! »

Une forme brune allait et venait au milieu des ajoncs. Tout à coup, une encolure se dressa, en même temps qu’un hennissement lugubre réveilla tous les échos de la lande.

Je me sentis frissonner de terreur ; mais les nerfs de mon compagnon me parurent beaucoup moins impressionnables que les miens.

« C’est fini ! me dit-il. La fondrière s’en est emparée… Cela fait deux en deux jours !… Et ils seront suivis de bien d’autres. Pendant la sécheresse, ils ont l’habitude d’aller brouter de ce côté, et, lorsqu’ils s’aperçoivent que le sol est devenu moins consistant, la fondrière les a déjà saisis.

— Et vous dites que vous pouvez vous y aventurer ?

— Oui. Il existe un ou deux sentiers dans lesquels un homme courageux peut se risquer… Je les ai découverts.

— Quel désir vous poussait donc à pénétrer dans un lieu si terrible ?