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UNE MOMIE QUI RESSUSCITE

de son horrible occupant, dressé, raide et menaçant, sa face racornie, noire, tournée vers la porte.

La momie était inerte et sans vie, mais il semblait à Smith, tandis qu’il la regardait, qu’une lueur furtive de vitalité subsistait encore, qu’un signe à peine sensible de conscience luisait dans ces petits yeux au fond du creux des orbites.

Il était tellement ahuri et ému qu’il en oubliait sa mission et il était encore à regarder cette figure creuse, décharnée, lorsque la voix de son ami, venant d’en bas, le rappela à lui-même.

— Venez-donc, Smith ! lui criait-il. Il s’agit de vie ou de mort, vous savez, hâtez-vous !

— Enfin, vous voilà ! ajouta-t-il lorsque l’étudiant en médecine reparut. Courons. C’est bien à un mille d’ici, et il nous le faut franchir en cinq minutes. Une vie humaine vaut plus qu’une course pour une coupe.

Ensemble, ils s’élancèrent dans l’obscurité et ne s’arrêtèrent, haletants et épuisés que lorsqu’ils eurent atteint la petite villa au bord de la rivière.

Le jeune Lee, flasque et ruisselant d’eau comme une plante aquatique brisée, était étendu sur un canapé, de la mousse verte de la rivière sur ses cheveux noirs, une frange d’écume blanche sur ses lèvres d’un gris de plomb.

À côté de lui, était agenouillé son camarade d’études Harrington, s’efforçant de rappeler quelque chaleur dans ses membres.