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lait plusieurs centaines de livres, enfin retira d’une poche intérieure un volumineux portefeuille de cuir ; à mesure qu’il s’appropriait les objets, il les engloutissait dans les profondeurs de son ulster. Il y ajouta les quatre perles qui retenaient les manchettes, et même le bouton d’or qui fermait le col. Puis, s’étant assuré qu’il n’avait plus rien à prendre, il dirigea la lueur de sa lanterne sur le chauffeur toujours étendu, ce qui lui donna le plaisir de constater que l’homme était simplement étourdi de sa chute et non point mort. Alors il revint au maître de la voiture. Avec une énergie systématique autant que féroce, il se mit à le dépouiller de ses vêtements. Le malheureux, pleurnichant et se tortillant, n’attendait plus que le coup de grâce.

Quel que fût le dessein du voleur, il n’eut pas le loisir d’en pousser jusqu’au bout l’exécution. Un bruit l’ayant fait se retourner, il aperçut à courte distance les lumières d’une auto qui filait grand train, venant du nord. Elle avait dû constater au passage les méfaits dont il était l’auteur : il pensa qu’on le recherchait, déjà il croyait voir tous les constables du district lancés à ses trousses.

Il n’avait pas de temps à perdre. Plantant là sa victime toute souillée de poussière, il sauta sur son siège, embraya et prit la descente en quatrième vitesse. Au bas de la côte, se trouvait un petit chemin très resserré : il s’y engagea sans hésitation, à une allure qui faisait crier la Rolls-Royce. Quand il s’arrêta, il avait mis cinq bons milles entre lui et ses poursuivants problématiques. Installé dans un coin tranquille, il passa en revue ses gains de la soirée : Cinq billets de cinquante livres, quatre de dix, cinquante souverains et force papiers de valeur, c’était un coup de filet très honnête, au surplus très suf-