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d’abord, et dont, ensuite, il demeura interloqué. Il fut sur le point d’articuler quelques mots ; au prix d’un effort évident, il se retint.

— Remontez ! lui dit le voleur.

Il reprit sa place sur le siège.

— Votre nom ?

— Ronald Barker. Et le vôtre ?

L’homme masqué ne daigna pas relever cette impertinence.

— Où habitez-vous ? demanda-t-il.

— Mes cartes sont dans ma bourse, prenez-en une.

Le voleur sauta dans son auto, dont le ronron avait fait à cet entretien un accompagnement en sourdine. Il ramena son frein d’un coup sec, embraya, tourna le volant et dégagea la Wolseley. Une minute plus tard, il roulait doucement, tous ses feux allumés, à un demi-mille vers le sud, tandis que M. Ronald Barker, un de ses phares à la main, fourgonnait furieusement dans sa boîte à outils, en quête d’un fil de cuivre qui lui permît de rétablir son circuit et de reprendre sa route.

Quand il jugea qu’entre sa victime et lui la distance était suffisante, le voleur ralentit peu à peu, tira son butin de sa poche, y remit la montre, ouvrit la bourse, compta ce qu’elle renfermait : le total s’en élevait à sept shillings. Ce gain modique ne parut pas précisément l’ennuyer, car il eut un accès de rire en exposant les deux demi-couronnes et le florin à la clarté de sa lanterne. Mais, subitement il changea d’air et de façons : il refourra la bourse dans sa poche, appuya sur l’accélérateur, et repartit en avant, d’un trait, le cou tendu, le regard fixe, comme au début de l’aventure : devant lui, grossissaient rapidement sur la route les lumières d’une nouvelle auto.

***

Cette fois, tout annonçait une riche proie. Quatre grands phares encadrés de cuivres étincelants attestaient la magnificence