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lever les mains.

— Descendez ! reprit l’agresseur.

Il mit pied à terre, escorté de près par le pistolet et la lanterne. Comme après cela, il pensait pouvoir laisser retomber les mains, une nouvelle injonction, aussi brève que la première, les lui fit relever bien vite.

— Savez-vous, dit-il, que tout ça m’a l’air assez vieux jeu ? Vous plaisantez, je suppose ?

— Votre montre ! répliqua l’homme derrière le Maüser.

— Voyons, ce n’est pas sérieux ?

— Votre montre, vous dis-je !

— Prenez-la donc, s’il vous la faut. D’ailleurs, elle, n’est qu’en doublé, je vous en avertis. Mais vous retardez de deux cents ans, ou vous vous trompez de longitude : vous devez vous croire en Australie, dans le bush, si ce n’est en Amérique. Vous ne semblez pas à votre place sur une route du Sussex.

— Votre bourse ! repartit l’homme masqué.

Il avait, dans les manières et dans la voix, une autorité irrésistible. Le jeune homme lui remit sa bourse.

— Pas de bagues ?

— Je n’en porte jamais.

— C’est bien. Ne bougez plus.

L’homme masqué passa devant sa victime, ouvrit le capot de la Wolseley et commença de tripoter à l’intérieur avec des tenailles : on entendit se rompre un fil métallique.

— Eh ! de par tous les diables ! cria le jeune homme, ne me démantibulez pas ma machine !

Il s’était retourné ; mais, rapide comme l’éclair, le pistolet le menaçait derechef en pleine figure. D’ailleurs, si peu de temps qu’eût mis le voleur à se redresser après avoir coupé le fil de la magnéto, il n’en avait pas fallu davantage pour que le jeune homme fît une remarque, dont il tressaillit