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qu’en ce qui le concerne j’avais mon plan ; c’est le maître seul qui nous intéresse. Vous savez — tout le comté le sait — que je ne suis pas riche. Quand Black Tulip perdit le Derby, ce fut pour moi un coup dur. J’eus ensuite d’autres déboires. Et là-dessus, il me revint un héritage d’un millier de livres. Cette satanée banque payait sept pour cent d’intérêts. Je connaissais Wilde. Je fus le consulter. Je lui demandai si l’affaire était sûre. Il me dit que oui. J’engageai chez lui mes mille livres. Quarante-huit heures plus tard, la banque sombrait. Il fut prouvé que Wilde connaissait depuis trois mois l’impossibilité où l’on était de la maintenir à flot : la barque faisait eau, il n’en avait pas moins pris ma fortune à son bord. Il était, par ailleurs, fort riche, l’accident ne le gênait pas. Moi, j’avais perdu tout mon argent, et la loi ne m’offrait point de recours. Cependant, j’étais volé autant qu’on peut l’être. J’allai trouver mon filou, il se moqua de moi. — « Cela vous apprendra, me dit-il, à n’avoir confiance que dans le Consolidé : la leçon, à ce prix, n’est pas trop chère. » Je me jurai que, d’une façon ou d’une autre, j’aurais ma revanche. Je m’informai de ses habitudes. Je sus que tous les dimanches il revenait d’Eastbourne avec une très grosse somme dans son portefeuille. Son portefeuille, aujourd’hui, je le tiens. Me direz-vous qu’en bonne morale je