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vingt-quatre heures j’y serais arrivé ; Lecoq, lui, a eu besoin de six mois. Cet ouvrage devrait être mis entre les mains des agents comme un manuel destiné à leur montrer tout ce qu’ils ne doivent pas faire. »

Je fus choqué de voir ainsi démolir deux types que je me plaisais à admirer. Aussi, me levant, j’allai à la fenêtre et me mis à regarder dans la rue très animée à ce moment. « Ce garçon-là, pensai-je, peut être fort habile, mais en tout cas il est joliment plein de lui-même. »

« Hélas, l’entendis-je reprendre tristement, de nos jours, il n’y a plus de crimes, il n’y a plus de criminels. À quoi sert maintenant dans notre profession un cerveau puissamment organisé ? Je sens que j’ai en moi de quoi rendre mon nom à jamais célèbre ; il n’y a pas d’homme, il n’y en a jamais eu qui ait acquis autant de connaissances spéciales jointes à d’aussi précieuses dispositions naturelles, dans le seul but de faire la guerre au crime. À quoi bon tout cela ? Il n’y a plus de crime ou s’il y en a ce sont de petits crimes si maladroitement machinés que le dernier agent de Scotland Yard est capable de les percer à jour. »

Agacé d’une telle présomption, je cherchai à changer le sujet de la conversation. « Je me demande ce que cet individu peut bien vouloir ? » dis-je montrant du doigt un homme qui s’avançait