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répète, tout ce que vous direz sera consigné par écrit.

— Permettez-moi seulement de m’asseoir, dit le prisonnier en joignant l’action à la parole. Mon anévrisme me fatigue beaucoup et la lutte que je viens de soutenir ne m’a guère fait de bien. Je suis sur le bord de la tombe, aussi croyez bien que je ne chercherai pas à mentir. Chacune de mes paroles sera l’expression de la vérité pure et peu m’importe l’usage que vous pourrez en faire. »

Ce disant, Jefferson Hope se renversa sur son siège et se mit à nous raconter son étrange aventure d’un ton calme et posé, comme si rien de tout cela ne lui paraissait extraordinaire. J’ai transcrit son récit aussi fidèlement que possible, après l’avoir relevé sur le calepin de Lestrade qui prenait des notes au fur et à mesure.

« Les motifs de ma haine contre les deux hommes vous intéresseraient peu, commença notre prisonnier ; qu’il vous suffise de savoir qu’ils avaient assassiné deux créatures humaines, le père et la fille, et qu’ils avaient ainsi mérité eux-mêmes la mort. Mais tant d’années s’étaient écoulées depuis ce double meurtre, que je ne pouvais m’adresser à aucun tribunal pour les faire condamner ; seulement moi qui connaissais leur crime, je résolus d’être tout à la fois pour eux leur accusateur, leur juge et leur bourreau. Pas un homme sur toute la surface de la terre, pas un