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— Mais mon avenir est plus brillant que le vôtre, repartit l’autre avec chaleur. Quand le Seigneur rappellera à lui mon père, j’aurai sa tannerie et sa fabrique de cuirs. De plus je suis votre aîné et j’occupe dans l’Église une situation plus élevée.

— Ce sera donc à la jeune fille à se prononcer, reprit le jeune Drebber, en se regardant avec complaisance dans la glace. Nous nous en rapporterons à sa décision. »

Pendant tout ce dialogue, John Ferrier, plein d’une rage contenue, était resté sur le seuil de la porte, se tenant à quatre pour ne pas casser son fouet de chasse sur le dos de ses deux visiteurs.

« Écoutez bien, dit-il enfin, en faisant un pas vers eux. Quand ma fille vous demandera elle-même de venir, je consentirai à vous recevoir, mais jusque-là, tournez-moi les talons et que je ne vous voie plus. »

Les deux jeunes Mormons sursautèrent stupéfaits. Pour eux cette rivalité qu’ils venaient d’exposer était le plus grand honneur qui pût être fait au père aussi bien qu’à la jeune fille, objet de leur recherche.

« Il y a deux manières de sortir d’ici, cria Ferrier, par la porte ou par la fenêtre. Choisissez. »

Cette figure bronzée était si terrible, ces mains osseuses si menaçantes, que les visiteurs jugèrent bon d’opérer une prompte retraite. Le vieux fermier les suivit jusqu’à la porte.

« Vous me ferez savoir, dès que vous serez d’accord,