d’une telle façon qu’il fallait toute l’habileté de celle qui le montait pour ne pas perdre l’assiette. La situation était des plus critiques. À chaque bond, le cheval rencontrait les cornes de l’un des bœufs et ces piqûres répétées l’affolaient de plus en plus. La jeune fille avait toutes les peines du monde à se maintenir en selle, et cependant elle se rendait compte qu’une chute serait pour elle la mort, et quelle mort ! Écrasée, piétinée par cet effrayant troupeau ! Elle commençait à perdre la tête ; déjà sa main se relâchait sur les rênes, la poussière l’aveuglait, la buée qui s’élevait de tous ces animaux pressés les uns contre les autres la prenait à la gorge…. En désespoir de cause elle allait renoncer à lutter plus longtemps, quand soudain une voix encourageante se fit entendre à ses côtés, et au même instant une main brune et nerveuse, saisissant le mors de sa monture terrifiée, la maîtrisa du coup et put l’entraîner hors du troupeau.
« J’espère, mademoiselle, que vous n’êtes pas blessée ? » dit son sauveur d’un ton respectueux.
Elle considéra un instant cette figure bronzée et énergique, puis, faisant entendre un petit rire moqueur :
« Ah ! j’ai eu bien peur, dit-elle ; comment s’imaginer que quelques vaches suffiraient pour épouvanter ainsi….
— C’est une bénédiction du ciel que vous ne