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orbite, jetaient une lueur singulière ; enfin sa main, crispée sur son fusil, était aussi décharnée que celle d’un squelette. Pour se soutenir, il était obligé de s’appuyer sur son arme et cependant sa haute taille et sa puissante ossature semblaient révéler la force et la vigueur. Mais sa face amaigrie, ses vêtements trop larges qui flottaient sur des membres décharnés, indiquaient trop clairement la cause de cette apparence misérable : cet homme se mourait de faim et de soif.

Péniblement il était descendu dans le ravin ; plus péniblement encore il avait remonté la pente opposée, dans l’espoir, hélas ! superflu, d’apercevoir du sommet de la hauteur quelque indice qui révélât la présence de cette eau si désirée. Mais aussi loin que la vue pouvait s’étendre, rien, pas un arbre, pas une plante indiquant une source, une mare quelconque ; l’immensité de la plaine de sel et à l’horizon les hautes montagnes qui formaient une ceinture menaçante. C’était le désert, tout espoir était bien perdu. En vain son œil hagard avait sondé l’espace du nord au sud, de l’est à l’ouest. Il comprit que c’était la fin, qu’il arrivait au terme de son voyage et que là, sur ce rocher dénudé, il ne lui restait plus qu’à mourir. « Pourquoi pas ? murmura-t-il, en s’asseyant sous l’abri d’une pierre géante, pourquoi pas ? autant maintenant que plus tard, autant ici que dans un bon lit. »