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Autour de nous l’obscurité se faisait de plus en plus profonde.

— Savez-vous, Watson, me dit tout à coup le docteur, j’ai réellement scrupule à vous emmener cette nuit. Notre entreprise n’est pas sans danger.


Sur le coup de onze heures, une vive lumière perça les ténèbres.

— Puis-je vous être utile ?

— Plus qu’utile,

— Alors je vous accompagne.

— Je vous en suis très reconnaissant.

— Mais vous parlez, de danger ? Vous avez évidemment tiré de votre visite dans cette maison plus de renseignements que moi.

— Non, mais j’imagine que j’ai raisonné davantage. Tout ce que j’ai vu, vous l’avez vu aussi,

— Je n’ai rien vu de remarquable que ce cordon de sonnette, et je ne puis arriver à en saisir le but.

— Vous avez vu la prise d’air aussi ?

— Oui, mais une communication de ce genre entre deux pièces ne me semble pas chose si extraordinaire ; elle est du reste si petite qu’un rat aurait de la peine à y passer.

— Je pensais bien, avant même d’entrer dans la maison, y trouver cette prise d’air.

— Allons donc !

— Certainement. Vous vous rappelez que dans son récit miss Stoner nous dit que sa sœur sentait l’odeur du cigare du docteur Roylott. Naturellement cela impliquait l’idée d’une communication quelconque entre les deux pièces, communication qui ne pouvait être que minuscule, puisque l’enquête du coroner ne la mentionnait pas. J’en avais donc conclu qu’il devait exister là une prise d’air.

— Et quel inconvénient y trouvez-vous ?

— Dame, il y a au moins là une curieuse coïncidence de faits. On établit une prise d’air, on suspend une corde, et une femme qui dort dans ce lit meurt d’une mort étrange : n’êtes-vous pas frappé de cela ?

— Je ne vois aucun rapport entre tout cela.