Il tenait à la main un gros bâton, sur lequel il s’appuyait, tout en promenant ses yeux noirs et pensifs dans l’espace, sans avoir l’air de s’inquiéter de la foule qui l’entourait.
Son costume pittoresque, avec le turban de couleur qui couvrait sa tête à la teinte basanée, produisait un effet étrange et discordant en ce milieu prosaïque.
— Pauvre garçon ! me dit miss Warrender d’une voix agitée et haletante. Il est fatigué. Il a faim, sans aucun doute, et il ne peut faire comprendre ce qu’il lui faut. Je vais lui parler.
Et, s’approchant de l’Hindou, elle lui adressa quelques mots dans le dialecte de son pays.
Jamais je n’oublierai l’effet que produisirent ces quelques syllabes.
Sans prononcer un mot, le voyageur se jeta la face contre terre sur la poussière de la route, et se traîna littéralement aux pieds de ma compagne.
J’avais vu dans des livres de quelle façon les Orientaux manifestent leur abaissement en présence d’un supérieur, mais je n’aurais jamais pu m’imaginer qu’aucun être humain descendît jusqu’à une humilité aussi abjecte que l’indiquait l’attitude de cet homme.
Miss Warrender reprit la parole d’un ton tranchant, impérieux.