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Nouveaux mystères et aventures

Ce n’était plus le moment de feindre d’ignorer l’existence de l’animal.

Jack regarda un instant autour de lui.

Il n’avait d’autre arme que sa petite canne, pour tenir tête à cette demi-tonne de viande en colère qui accourait sur lui au pas de charge.

Il fit la seule chose qui fut possible, c’est à dire qu’il courut vers la haie de l’autre côté du pré.

Tout d’abord Jack eut la condescendance de courir, mais ensuite il se mit à un trot tranquille, méprisant, une sorte de compromis entre sa dignité et sa crainte, chose si plaisante que, malgré notre effroi, nous éclatâmes de rire en chœur.

Peu à peu, toutefois, comme il entendait le galop des sabots se rapprocher, il hâta le pas, et finit par prendre pour tout de bon la fuite pour trouver un abri.

Son chapeau s’était envolé, les basques de son habit voltigeaient au vent, et son ennemi n’était plus qu’à dix yards de lui.

Quand même notre héros de l’Afghanistan aurait eu à ses trousses toute la cavalerie d’Ayoub Khan, il n’aurait pu parcourir cet espace en moins de minutes.

Si vite qu’il allât, le taureau allait plus vite