voix au timbre d’une tristesse et d’une douceur infinie, ainsi qu’elle l’était toujours quand son possesseur avait le diable dans le corps.
Le coureur de la brousse reconnut cette voix : il se rappelait l’allocution prononcée d’une voix molle et languissante qu’il avait entendue dans la salle de billard des Armes de Buckhurst, allocution qui s’était terminée comme suit :
Le doux orateur s’était adossé à la porte, avait sorti un révolver et avait demandé à voir le filou qui aurait l’audace de se frayer un passage.
— C’est ce maudit imbécile de Durton, et son ami à la face blanche, dit-il.
Ces deux noms étaient fort connus à la ronde.
Mais les coureurs de la brousse étaient des hommes téméraires et décidés à tout.
Ils avancèrent en masse jusqu’à la porte.
— Débarrassez le passage, dit leur chef d’un ton farouche, à demi-voix, vous ne pouvez sauver la demoiselle. Allez-vous en sans une balle dans la peau, puisqu’on vous en laisse la chance.
Les associés répondirent par leur rire.
– Alors au diable ! avancez.
La porte s’ouvrit largement et la troupe tira une salve tout en poussant et fit un effort