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couvert de neige pour descendre sur Meiringen, via Interlaken. Ce fut une excursion charmante : au-dessous de nous, la riante verdure du printemps ; au-dessus de nos têtes, la virginale blancheur de l’hiver ; mais rien ne pouvait dissiper le nuage qui pesait sur Holmes. Je lisais dans ses yeux une préoccupation constante. En traversant les paisibles villages des Alpes, comme dans les sentiers les plus solitaires de la montagne, je le voyais scruter le visage des passants ; il semblait convaincu que, nulle part, nous ne pourrions échapper au danger qui nous menaçait.

Je me rappelle qu’un jour, en traversant la Gemmi, nous côtoyons le mélancolique lac de Dauben. Tout à coup un rocher se détacha du flanc de la montagne à notre droite et roula derrière nous jusque dans l’eau. En un clin d’œil, Holmes fut au sommet, et, debout sur le point le plus élevé, il fouilla l’horizon dans toutes les directions. Notre guide eut beau nous affirmer qu’au printemps il roulait fréquemment des rochers à cet endroit, Holmes ne répondit pas, mais se contenta de sourire de l’air d’un homme qui voit se réaliser ce qu’il avait prévu.