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plate et plusieurs tubes de bois, qu'il vissa bout à bout de manière à en faire une longue pipe.

Il la bourra de tabac, l'alluma au moyen d'un silex et d'un briquet, avec un morceau de papier amadou, qu'il avait dans sa boîte.

Puis il ploya ses jambes sous lui à la façon orientale, et s'assit pour fumer sa pipe à son aise.

Il y avait dans tout cet incident quelque chose de si bizarre, l'homme et ses actes avaient une apparence si absurde que nous partîmes tous les deux d'un éclat de rire qui dura jusqu'à ce que l'épuisement y mit fin.

Il ne prit aucune part à notre gaîté, mais n'en parut nullement blessé.

Il continua à fumer jusqu'au bout d'un air parfaitement insensible et impassible, à cela près que ses yeux à demi voilés brillaient en nous regardant tour à tour.

-Vous nous excuserez d'avoir ri, monsieur, dis-je enfin, mais mon ami et moi nous ne sommes pas habitués à de telles aventures, et nous sommes joyeux que celle-ci ait fini aussi heureusement. Puis-je demander qui nous avons recueilli ?

-Je me nomme Decimus Saxon, répondit l'inconnu. Je suis le dixième fils d'un digne père, ainsi que l'indique mon nom latin. Il n'y a que neuf hommes entre moi et un héritage. Qui sait ? La petite vérole ou la peste pourraient s'en mêler.