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   Dès lors pourquoi craindre le violent,
   Pourquoi redouter l'orgueilleux
   Est-ce que je fuirai devant deux ou trois,
   S'il est à côté de moi, Lui.

Cent quarante voix lui répondirent en un choeur de voix rauques:

   Qui donc craindrait de tirer l'épée
   Et de livrer les combats du Seigneur ?

À ce moment je n'eus pas de peine à comprendre comment les Spartiates avaient découvert dans Tyrtée, le chantre boiteux, le plus heureux de leurs généraux, car le son de leur propre voix augmentait la confiance des paysans, en même temps que les paroles martiales de l'hymne excitaient en leur coeur une détermination invincible.

Leur courage s'exalta tellement que leur chant s'acheva en un retentissant cri de guerre, qu'ils brandirent leurs armes au-dessus de leurs têtes et qu'ils étaient prêts, je crois, à s'élancer hors de leurs barricades pour se jeter sur les cavaliers.

Au milieu de cette clameur, de cette agitation, le jeune officier de dragons, un beau jeune homme au teint bronzé, s'approcha sans crainte de la barricade, arrêta son superbe cheval rouan et leva la main d'un geste impérieux pour demander le silence.