Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/268

Cette page n’a pas encore été corrigée

«Vous n'avez qu'un mot à dire, et nous ferons venir une autre bouteille de vin du Rhin pour sceller le marché.

-Mais, dis-je, si vous êtes vraiment possesseur de cette belle fortune, pourquoi descendre à une profession aussi servile ?

-Les juifs, les juifs, ô vous le maître plus rusé et cependant le plus lent d'esprit qu'il ait! Les dix tribus ont fondu sur moi. J'ai été harassé, dévasté, lié, enlevé, dépouillé. Jamais Agag, roi d'Amalek, ne fut plus complètement aux mains du peuple élu. La seule différence, c'est qu'ils ont coupé mon domaine en menus morceaux au lieu de me dépecer moi-même.

-Est-ce que vous avez tout perdu ? demanda Ruben, en ouvrant de grands yeux.

-Tout, non... pas tout, il s'en faut de beaucoup, répondit-il avec un rire joyeux. J'ai un Jacobus d'or et une ou deux guinées dans ma bourse. C'est de quoi boire encore une ou deux bouteilles.

«Voici ma rapière à poignée d'argent, mes bagues, ma tabatière en or, ma montre oeuvre de Thompson, à l'enseigne des Trois Couronnes. Elle n'a pas été payée moins de cent livres, je le garantis.

«Puis, il reste encore quelques débris de ma grandeur sur ma personne, comme vous le voyez, bien qu'ils commencent à prendre l'air aussi fragile, aussi usé que la vertu d'une soubrette.