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Mais le cheval de mon ami avait voyagé toute la journée. Son souffle pénible, laborieux indiquait qu'il ne pourrait tenir bien longtemps encore.

À travers le bruit sonore des fers de nos chevaux, je distinguais de temps à autre l'inquiétant murmure qui venait de derrière nous.

-Cela ne va pas, Ruben, dis-je d'un ton anxieux, au moment où sa bête épuisée butait, et où son cavalier fut bien près de faire le saut par-dessus la tête.

-Le vieux cheval est presque fourbu, répondit-il piteusement. Nous voilà hors de la grande route maintenant, et ce terrain inégal le fatigue trop.

-Oui, nous sommes au dehors de la piste, s'écria Saxon, par-dessus son épaule, car il nous précédait de quelques pas. Souvenez-vous que les habits bleus ont été en marche tout le jour, et que leurs chevaux sont peut-être fourbus aussi. Comment par le ciel, ont-ils pu découvrir la route que nous avons prise ?

Et comme pour répondre à son interrogation, il s'éleva derrière nous dans la nuit un son isolé, clair, vibrant comme un son de cloche, dont le volume s'accrut, s'enfla, si bien que sa mélodie semblait remplir tout l'espace.

-Un mâtin, s'écria Saxon.

Un autre son plus aigu, plus perçant, finissant par un hurlement sur lequel il était impossible de se méprendre, succéda au premier.