eux-mêmes du mieux qu’ils purent. Les Catinat avaient reçu un meilleur accueil, l’état de faiblesse du vieillard et la beauté de sa fille ayant éveillé l’intérêt du gouverneur. L’officier avait échangé pendant le voyage son uniforme contre un habit de couleur sombre, de sorte que rien en lui n’indiquait un fugitif de l’armée, sauf peut-être son allure militaire.
Le vieux Catinat était maintenant si faible qu’il ne fallait pas songer à l’interroger ; sa fille ne le quittait pas, et quant au soldat, son habitude de la cour l’avait rendu suffisamment diplomate pour savoir dire beaucoup de choses sans rien dire ; aussi leur secret fut-il bien gardé.
Le lendemain du jour où ils avaient été recueillis, ils reconnurent le cap Breton dans le sud, et, filant rapidement sous une bonne brise d’Est, ils passèrent au large de la pointe Est d’Anticosti. Puis, ils entrèrent dans l’estuaire du puissant fleuve Saint-Laurent, dont ils apercevaient à peine les rives de chaque côté. Sur les rives plus rapprochées ils aperçurent la gorge sauvage du Saguenay sur la droite, avec la fumée qui s’élevait des huttes formant le petit établissement de pêche de Tadousac, au milieu d’un bouquet de pins. Des Indiens nus, debout dans leurs pirogues d’écorce, le visage barbouillé d’argile rouge, entourèrent le navire, offrant des fruits et des légumes frais accueillis avec joie par les soldats.
Le navire continuant sa route, la haute silhouette du cap de la Tourmente se dessina va-