Page:Doyle - Les Aventures de Sherlock Holmes.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le gentilhomme agita nerveusement son pince-nez, et regarda fixement le feu.

— Voyez-vous, monsieur Holmes, ma femme avait vingt ans lorsque son père devint un richard. Elle était habituée à courir seule dans un campement de mineurs, à errer dans les bois et les montagnes, de sorte qu’elle s’est élevée seule en face de la nature, et qu’on n’a jamais eu recours pour elle à des professeurs. Elle est ce que nous appelons en Angleterre une luronne, avec une constitution vigoureuse, une nature indépendante et indisciplinée, libre de toute tradition. Elle est impétueuse, volcanique, allais-je dire, rapide dans ses décisions qu’elle exécute sans se préoccuper des conséquences. Mais je ne lui aurais pas donné le nom que j’ai l’honneur de porter (ici il toussa et prit un air digne), si je ne l’avais pas crue douée de sentiments élevés. J’estime qu’elle est capable des plus héroïques sacrifices et qu’il lui serait impossible de faire quoi que ce soit de déshonorant.

— Avez-vous sa photographie ?

— J’ai apporté ceci.

Il ouvrit un médaillon, et nous montra le portrait d’une femme ravissante. Ce n’était pas une photographie, mais une miniature sur ivoire et l’artiste avait admirablement rendu les cheveux d’un noir de jais, les grands yeux foncés, la