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laps de temps, mes revenus bruts se sont élevés à vingt-sept livres et demie. Chaque jour, de neuf heures du matin à quatre heures du soir, j’attendais en vain dans mon petit réduit des visiteurs qui ne venaient pas et je commençais à perdre patience et à croire que je n’aurais jamais de clientèle.

Hier, pourtant, juste au moment où je m’apprêtais à quitter le bureau, mon commis entra pour me dire qu’un monsieur désirait me voir. Il me tendit une carte qui portait le nom du colonel Lysander Stark et presque en même temps je vis entrer le colonel lui-même. C’était un homme d’une taille au-dessus de la moyenne, mais d’une maigreur telle que je crois n’en avoir jamais vu de semblable. Son nez et son menton faisaient saillie sur sa figure en lame de couteau et la peau de ses joues était tendue sur ses pommettes très accentuées. Cette maigreur extrême semblait être son état naturel, et non l’effet d’une maladie, car son œil était brillant, son pas rapide, son allure assurée. Il était simplement mais correctement vêtu, et paraissait approcher de la quarantaine.

« Monsieur Hatherley », dit-il, avec une sorte d’accent allemand. On vous a recommandé à moi, non seulement pour vos capacités d’ingénieur, mais aussi pour votre discrétion à toute épreuve.

Je m’inclinai, assez flatté de ce compliment.