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notre conscience dérive dans la grande mer au delà !

Mrs. Challenger dort toujours dans le cabinet de toilette. Challenger s’est endormi sur son siège. Quel tableau ! Son énorme membrure penche en arrière, ses grosses mains velues s’agrafent à son gilet, sa tête se dérobe, à tel point que je n’aperçois, par-dessus son col, que le hérissement touffu et luxuriant de sa barbe. Il ronfle, en vibrant de tout son corps, et le ténor aigu de Summerlee répond par intervalles à sa basse sonore. Lord John sommeille aussi, sa longue personne pliée de travers dans un fauteuil d’osier. Déjà l’aube glisse un peu de sa froide clarté dans la chambre. Tout est gris et morne.

Je regarde se lever le soleil, le fatal soleil qui va éclairer un monde dépeuplé. Un jour a suffi pour éteindre la race humaine ; mais les planètes continuent leur ronde, les marées