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mère dans son cottage d’Irlande ; je me la représente, avec son châle et son bonnet de dentelle, renversée, les yeux clos, dans son fauteuil à grand dossier, devant la fenêtre, ses lunettes et son livre à côté d’elle. Mais pourquoi la pleurerais-je ? Elle a passé comme je passe, et dans une autre vie je puis être plus près d’elle que l’Angleterre ne l’est de l’Irlande. Pourtant, cela me fait de la peine de songer que son pauvre corps n’est plus.

— Si nous parlons du corps, vous remarquerez, interjeta Challenger, que nous ne pleurons ni ce que nous rognons de nos ongles, ni ce que nous coupons de nos cheveux, bien qu’ils fassent partie de nous-mêmes. Pas davantage, un homme qui n’a qu’une jambe ne s’attendrit sur celle qui lui manque. Le corps physique nous vaut surtout des douleurs et des fatigues. Il nous fait continuellement toucher ses limites.