Page:Doyle - Le Capitaine Micah Clarke, trad. Savine, 1911.djvu/79

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Puis le Maire, après un court silence, reprit son récit:

-Comme la nuit était belle, dit-il, nous décidâmes de regagner à pied notre logement, mais jamais je n'oublierai les scènes scandaleuses que nous vîmes en route. Le bon Maître Bunyan, d'Elstow, aurait pu ajouter quelques pages à sa description de la Foire aux Vanités, s'il s'était trouvé avec nous. Des femmes avec des mouches, aux cheveux teints, aux fronts d'airain, les hommes, aux allures désordonnées, tapageuses, et blasphémant, et les cris, et le maquerellage, et l'ivrognerie. C'était bien le royaume qui méritait d'être gouverné par une cour pareille. À la fin, nous passâmes par des rues plus tranquilles, et nous espérions en avoir fini avec nos aventures, quand tout à coup arriva au galop une troupe de cavaliers à moitié ivres, sortant d'une rue latérale, qui attaquèrent les passants à coups d'épée, comme si nous étions tombés dans une embuscade de sauvages en quelques pays de mécréants. Ils étaient, à ce que je supposais, de la même couvée que ceux au sujet de qui l'excellent John Milton À écrit: Fils de Bélial, gonflés d'insolence et de vin.» Hélas! ma mémoire n'est plus ce qu'elle était: car il fut un temps où j'aurais pu réciter par coeur des chants entiers de ce noble et pieux poème.

-Et comment vous êtes-vous tiré d'affaire avec ces querelleurs, monsieur? demandai-je.

-Ils nous assaillirent,