Page:Doyle - Le Capitaine Micah Clarke, trad. Savine, 1911.djvu/78

Cette page n’a pas encore été corrigée

moquaient de nous, non plus qu'aux gens qui jouaient, à notre gauche, ni aux gens qui dansaient à notre droite.

Nous tînmes bon ainsi pendant toute la soirée.

Alors s'apercevant que ces gens-là ne s'amuseraient guère à nos dépens, Milord Clarendon, le chancelier, nous fit signe de nous retirer, ce que nous fîmes sans nous presser, après avoir salué le Roi et la société.

-Non, pour cela, je ne l'aurais jamais fait, s'écria le jeune Puritain qui avait écouté attentivement le récit de son ancien. N'eût-il pas été bien plus à propos de lever vos mains et d'appeler la vengeance sur eux, ainsi que le fit le saint homme de jadis sur les cités criminelles.

-Plus à propos, dites-vous? répondit le Maire avec impatience. Ce qui est le plus à propos, c'est que la jeunesse se taise, jusqu'au moment où on lui demande son avis sur des affaires de ce genre. La colère de Dieu marche avec des pieds de plomb, mais elle frappe avec des mains de fer. Au moment propice qu'il s'est choisi, il a jugé quand serait pleine à déborder la coupe des iniquités de ces hommes-là. Ce n'est point à nous à l'en instruire. Ainsi que l'a dit le Sage, les malédictions ont l'habitude de revenir à leur perchoir. Mettez-vous cela dans l'esprit, Maître Derrick, et n'en soyez pas trop libéral.

Le jeune apprenti-car c'en était un-courba la tête d'un air maussade sous cette réprimande.