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Tous les chariots, les barils, les caisses que le hasard avait mis à leur disposition étaient changés en autant de chaires, chacune ayant son orateur et son petit cercle d'auditeurs empressés.

Ici c'était un volontaire de Taunton, en costume de bure, en bottes montantes et à bandoulière, qui dissertait sur la Justification par les oeuvres.

Ailleurs un grenadier de la milice, à l'habit d'un rouge flamboyant, aux buffleteries blanches, s'enfonçait dans le mystère de la Trinité.

Sur certains points, où les chaires improvisées étaient trop rapprochées, les sermons avaient tourné en une ardente discussion entre les deux prédicateurs, et l'auditoire y participait par des murmures sourds, des gémissements, et chacun applaudissait le champion dont les doctrines étaient les plus conformes aux siennes.

Ce fut à travers cette scène, rendue plus frappante encore par la lueur rouge et tremblotante des feux de bivouacs, que je me frayai passage, le coeur lourd, car je sentais combien il était vain d'espérer le succès, quand régnait tant de discorde.

Quant à Saxon, ses yeux brillaient.

Il se frottait les mains avec satisfaction.

-Le ferment opère, dit-il, et ce ferment produira des résultats.

-Je ne vois pas ce qui peut en sortir, si ce n'est du désordre et de la faiblesse, répondis-je.