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on ne peut sentir les mêmes émotions, car l'esprit humain est ainsi fait qu'un frisson en efface toujours un autre. De même quand l'homme baisse et respire péniblement sur le lit ou il va mourir de maladie, on ne saurait dire qu'il a éprouvé ce frisson, car l'esprit, affaibli par la maladie, ne peut que s'abandonner, et est incapable d'envisager de trop près ce à quoi il s'abandonne.

Mais quand un homme, plein de jeunesse et de vigueur, est ainsi seul, qu'il voit la mort en face de lui, suspendue sur lui, il a pour entretenir ses pensées des choses telles que, s'il survit, s'il atteint à l'âge où les cheveux grisonnent, toute sa vie subira l'empreinte, le changement que produisent ces heures solennelles, ainsi qu'un cours d'eau dont la direction est brusquement modifiée par le rude choc d'une rive contre laquelle il s'est heurté.

Toutes les fautes, même les moindres, même les travers, apparaissent avec clarté, en présence de la mort, comme les atomes de poussière deviennent visibles quand le rayon de soleil pénètre dans une chambre où l'on a fait l'obscurité.

Je les remarquai alors, et depuis, je l'espère, je les ai toujours remarqués.

J'étais assis la tête penchée sur ma poitrine, profondément absorbé par ce solennel enchaînement de pensées, lorsque j'en fus brusquement tiré par un bruit de coups très distinct, tel que