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quelque chose. Vous feriez bien de vous assurer le secours spirituel, car je vous apprendrai que dans cette cellule-ci il y a eu quelque chose de pire que jamais ne le fut un gardien ou un prisonnier.

-Quoi donc? demandai-je.

-Eh bien, oui, le diable, rien que cela! répondit-il, en entrant et fermant la porte. Voici comment cela s'est fait. Il y a deux ans, Hector Marot, le détrousseur de grands chemins, fut enfermé dans cette même tour des Botelers. Cette nuit là, j'étais moi-même de garde dans le couloir, et à dix heures je vis le prisonnier assis sur le lit, tout comme vous l'êtes en ce moment. À minuit, j'eus l'occasion de donner un coup d'oeil, selon mon habitude, dans l'espoir d'égayer ses heures de solitude. Il avait disparu! Oui, vous pouvez bien ouvrir de grands yeux. Je n'avais pas perdu de vue la porte un seul instant, et vous vous rendrez compte par vous-même de la possibilité qu'il fût parti par les fenêtres. Les murs et le plancher sont en blocs de pierre, autant dire du roc massif, pour la solidité. Lorsque j'entrai, il y avait une affreuse odeur de souffre, et la flamme de ma lanterne bleuit. Oui, il n'y a pas de quoi sourire. Si le diable n'est point parti en emportant Marot, je vous le demande, qu'est-ce qui l'a fait? Car je suis bien convaincu qu'un bon ange ne serait jamais venu le délivrer, comme cela eut lieu jadis pour l'apôtre Pierre.