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entra avec moi et délia mes poignets.

C'était un homme à mine mélancolique.

Ses yeux graves, enfoncés, sa figure lugubre, juraient avec son équipement aux couleurs vives et le joli noeud de rubans de son épée.

-Ayez du courage, mon garçon, dit-il d'une voix creuse. On se sent étranglé, on gigote et c'est fini. Il y a un jour ou deux, nous avons eu la même corvée à faire, et l'homme a à peine gémi. Le vieux Spender, qui est maréchal-ferrant du Duc, a une façon à lui pour serrer le noeud, et non moins de jugement pour ménager la chute, qui vaut celle de Dun, de Tyburn. Donc ayez du courage, car vous ne passerez point par les mains d'un apprenti.

-Je voudrais pouvoir informer Monmouth que ses lettres ont été remises, m'écriai-je, en m'asseyant sur le bord de la couchette.

-Sur ma foi, elles ont été remises. Quand vous auriez été le porteur de lettres à un penny de Mr Robert Murray, dont nous avons tant entendu parler à Londres au printemps dernier, elles ne seraient point parvenues plus directement. Pourquoi n'avez-vous parlé doucement au Duc? C'est un gentilhomme bienveillant. Il a bon coeur, excepté quand on le contrarie. Quelques mots sur le nombre des rebelles, sur leurs dispositions, auraient pu vous sauver.

-Je m'étonne que vous, un soldat, vous puissiez parler ou penser ainsi, dis-je avec froideur.