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-Je lui mettrais les poucettes, dit un vieux soldat à mine farouche.

-J'ai entendu dire qu'une mèche allumée entre les doigts opère des prodiges, suggéra un autre. Dans la guerre d'Écosse, Sir Thomas Dalzell a pu convertir par cet argument-là plusieurs personnes de cette race si entêtée, si endurcie que sont les Covenantaires.

-Sir Thomas Dalzell, dit un gentleman âgé, vêtu de velours noir, a étudié l'art de la guerre chez les Moscovites, dans leurs rencontres barbares et sanglantes avec les Turcs. Dieu veuille que nous autres Chrétiens d'Angleterre, nous n'allions pas chercher nos modèles parmi les idolâtres vêtus de peaux de bêtes d'un pays sauvage.

-Sir William voudrait que la guerre se fît conformément aux règles de la plus pure courtoisie, dit celui qui avait pris le premier la parole. Une bataille se livrerait comme on danse un menuet solennel, sans aucune atteinte à la dignité ou à l'étiquette.

-Monsieur, répondit l'autre avec vivacité, je me suis trouvé sur le champ de bataille, alors que vous étiez encore dans les langes, et j'ai joué de l'épée quand vous aviez à peine la force d'agiter un hochet. Dans les sièges et dans les engagements, le métier de soldat veut force et rigueur, mais je dis que la torture, dont l'emploi a été supprimé par la loi anglaise, devrait l'être aussi par le droit des gens.