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Soit par l'effet de la chute, soit par celui des coups reçus, j'avais des coupures profondes, en sorte que je sentais le sang couler en nappe chaude sur mon oreille et mon cou.

Néanmoins je ne fis aucune tentative pour remuer.

J'attendis en silence pour voir qui étaient les gens aux mains desquels j'étais tombé.

Je ne craignais qu'une chose, qu'on m'enlevât mes lettres et que ma mission n'eût plus de but.

À la seule pensée d'être désarmé sans combattre et de perdre les papiers qui m'avaient été confiés, et cela la première fois que l'on me chargeait d'une tâche pareille, le sang me monta tout bouillant à la figure, tant j'étais honteux.

La bande, qui m'avait capturé, se composait de gaillards aux barbes incultes, coiffés de bonnets de fourrure, vêtus de jaquettes de futaine, avec des ceintures de buffle auxquelles étaient suspendus des épées courtes et droites.

Leurs figures hâlées, tannées par le soleil, et leurs grandes bottes montraient que c'étaient des pêcheurs ou des marins, et on eût pu, d'ailleurs, le deviner à leur rude langage maritime.

Deux d'entre eux se tenaient à genoux de chaque côté de moi avec leurs mains sur mes bras.

Un troisième était debout en arrière tenant un pistolet armé, pendant que les autres, au nombre de