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Le rude sentier se rapprochait de la mer, mais malgré son élévation, les embruns produits par les brisants le franchissaient.

J'avais les lèvres saupoudrées de sel.

L'air était plein du grondement rauque de la houle, du sifflement grêle des courlis, qui m'effleuraient de leur vol, pareils à des créatures de l'autre monde, blanches, vagues, à la voix mélancolique.

Le vent soufflait par bouffées courtes, brusques, irritées, venant de l'Ouest.

Bien loin, sur les eaux noires, s'apercevait un point lumineux, unique, montant, descendant, oscillant, puis disparaissant à la vue, ce qui indiquait la violence de la tempête qui avait éclaté sur le canal.

Pendant que je chevauchais par le crépuscule à travers ce paysage étrange et sombre, mon esprit se tourna naturellement vers le passé.

Je songeai à mon père, à ma mère, au vieux charpentier, à Salomon Sprent.

Puis, mes pensées se reportèrent sur Decimus Saxon, dont le caractère aux faces multiples offrait autant de sujets d'admiration et de sujets d'horreur.

L'aimais-je, ne l'aimais-je pas?

C'était plus que je ne pouvais dire.

Après lui, je me rappelai mon fidèle Ruben, et son idylle amoureuse avec la jolie Puritaine,