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dû garder le souvenir, quoique je ne juge pas convenable de les lui rappeler. Cette Mistress Butterworth a été ma nourrice, et ma famille avait l'habitude de pourvoir à son entretien. Je ne pouvais me faire à l'idée que la ruine de ma fortune lui ferait perdre une ou deux pauvres guinées par semaine, sa seule ressource contre la faim. Je demandai donc à Mortimer une seule chose, au nom de notre ancienne amitié, c'était de continuer cette aumône. Je lui promis que si je réussissais, je le rembourserais entièrement. Ce vilain au coeur bas me serra la main avec chaleur et jura de le faire. Combien la nature humaine est chose vile, Clarke! Pour cette misérable somme, lui, un homme riche, il a manqué à son engagement. Il a abandonné cette pauvre femme à la mort par la faim. Mais il me paiera cela. Il me croit sur l'Atlantique. Si je marche sur Londres avec ces braves garçons, je dérangerai l'harmonie de sa pieuse existence jusqu'à ce jour... Je me contenterai des cadrans solaires, et ma montre ira aux mains de la mère Butterworth. Bénis soient ses amples seins! J'ai goûté de bien des liquides, mais je parierais volontiers que le premier de tous était le plus salutaire. Eh bien? Et vos lettres? Vous avez eu des froncements et des sourires comme un jour d'Avril.

-En voici une de mon père, à laquelle ma mère a ajouté un mot, dis-je. La seconde est