Page:Doyle - Le Capitaine Micah Clarke, trad. Savine, 1911.djvu/112

Cette page n’a pas encore été corrigée

ce monde, il n'en est pas de plus fort qu'un commun danger.

Pour mes yeux inexpérimentés, tout cela apparaissait comme très guerrier, très imposant, et en contemplant ce long défilé, je me disais que notre cause était en quelque sorte gagnée.

Mais à ma grande surprise, Saxon postait, jetait à demi-voix des peuh! dédaigneux.

À la fin, ne pouvant plus maîtriser son impatience, il éclata en paroles brûlantes de mécontentement.

-Regardez-moi seulement cette avant-garde pendant qu'elle descend la pente, s'écria-t-il. Où est le groupe d'éclaireurs, de vorreiter, comme disent les Allemands? Et où est l'espace qu'il faudrait laisser entre l'avant-garde et le corps principal? Par l'épée de Scanderbeg, ils me rappellent plutôt un troupeau de pèlerins, comme j'en ai vus, lorsqu'ils s'approchent du sanctuaire de Saint Sébald, à Nuremberg, avec leurs bannières et leurs flots de rubans. Et au centre, parmi cette troupe de cavaliers, se trouve sans doute notre nouveau monarque. Quel malheur pour lui de n'avoir point à ses côtés un homme capable de ranger cet essaim de paysans en quelque chose qui ressemble à un ordre de campagne! Maintenant regardez-moi ces quatre pièces de canon qui traînent comme des moutons boiteux derrière le troupeau! Carajo, je voudrais être un jeune officier du Roi avec un escadron