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DE SHERLOCK HOLMES

— Cela, pourtant, était bien simple, Watson, je vous assure. Je ne me serais pas permis d’entrer ainsi dans vos méditations sans la petite incrédulité que vous aviez montrée l’autre jour. Mais voici que j’ai en mains un problème dont la solution peut présenter d’autres difficultés que mon modeste essai de lecture mentale. Avez-vous remarqué dans le journal un fait divers de quelques lignes relatif au contenu singulier d’un paquet envoyé par la poste à miss Cushing, de Croydon ?

— Pas que je me rappelle.

— Donnez-moi le journal. Là, tenez, sous la chronique financière : c’est l’entrefilet en question. Voulez-vous avoir la bonté de me le lire ?

Je pris le journal qu’Holmes me repassait. Je lui lus le petit article. Il avait pour titre : Un envoi macabre, et rapportait ce qui suit :


Miss Suzanne Cushing, domiciliée dans Cross Street, à Croydon, vient d’être victime de ce que l’on doit considérer comme une mystification révoltante, à supposer que l’incident ne comporte pas un sens plus sinistre. Hier après-midi, à deux heures, le facteur de la poste lui remit un petit paquet enveloppé d’un papier brun. Ce paquet renfermait une boîte de carton remplie de gros sel : en la vidant, miss Cushing y découvrit avec horreur deux oreilles humaines fraîchement coupées. L’envoi venait de Belfast, d’où on l’avait expédié la veille au matin ; il ne portait point de mention relative à l’expéditeur. Ce qui accroît le mystère, c’est que miss Cushing, célibataire et âgée de cinquante ans, mène une vie des plus retirées, qu’elle a peu de connaissances, qu’elle n’écrit guère, et que c’est un événement quand il lui arrive quelque chose