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LA NOUVELLE CHRONIQUE

tion et que, d’après mon interprétation des faits, il espérait être rentré à Wisteria Lodge assez tôt pour se créer un alibi valable seulement jusqu’à une heure. Pour connaître les principales maisons qui avoisinent les environs d’Oxshott, j’ai pris le parti d’en demander la liste aux agents mentionnés par Scott Eccles. La voilà. Si embrouillé que soit notre écheveau, c’est là qu’il doit aboutir.

Il était près de six heures quand nous nous trouvâmes, en compagnie de l’inspecteur Baynes, dans ce joli village du Surrey qui s’appelle Esher. Nous nous étions, Holmes et moi, munis pour la nuit ; et il y avait, à l’enseigne du « Taureau », des chambres confortables. Par une vraie soirée de mars, froide et sombre, nous partîmes pour Wisteria Lodge avec l’inspecteur. Une bise coupante accompagnée d’une pluie fine nous cinglait le visage. Ce temps s’accordait bien avec la désolation du paysage que traversait la route et le but tragique où elle nous menait.


II


LE TIGRE DE SAN PEDRO


Après deux milles d’une marche triste et glaciale, franchissant un haut portail de bois, nous pénétrions dans une ténébreuse avenue de marronniers, dont nous suivîmes les détours jusqu’à une maison basse, noire, lourdement silhouettée contre un ciel ardoisé. Une fenêtre, à la gauche de l’entrée, laissait filtrer une mince lueur.