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LA NOUVELLE CHRONIQUE

méfiait de certains individus, on en pinça même quelques-uns ; mais, évidemment, ils dépendaient d’une force centrale, puissante et mystérieuse, qu’il devenait nécessaire de démasquer. On me pria d’étudier la chose à fond. Si je vous dis que tout d’abord je partis pour Chicago, qu’ensuite, à Buffalo, je m’affiliai à une société secrète irlandaise, que je donnai de sérieux ennuis à la police de Skibbereen, qu’ainsi, finalement, j’attirai les regards d’un sous-ordre de von Bork, vous comprendrez que la question était complexe. Depuis, von Bork m’a honoré de ses confidences, ce qui n’a pas empêché qu’on déjouât subtilement la plupart de ses projets et qu’on arrêtât cinq de ses meilleurs agents. Je les surveillais, Watson ; je les cueillais quand ils me semblaient mûrs. Eh bien, monsieur, ça ne va pas trop mal, j’espère ? La question s’adressait à von Bork, qui, après bien des efforts pour reprendre haleine, après bien des clignements d’yeux, était demeuré immobile, écoutant les déclarations d’Holmes.

Le visage convulsé de fureur, il se mit à vomir un flot d’invectives allemandes. Cependant Holmes continuait de passer rapidement en revue les documents enlevés du coffre ; ses doigts dépliaient et repliaient les papiers, tandis que le captif se répandait en malédictions et en injures.

— L’allemand, bien que peu musical, est la plus expressive des langues, dit enfin Holmes, quand von Bork se fut arrêté, à bout de forces. Tiens ! tiens ! ajouta-t-il, en regardant avec beaucoup d’intérêt le coin d’un calque avant de le placer dans la valise, voici de quoi faire mettre en cage un autre oiseau ; je me méfiais depuis longtemps du trésorier-payeur, mais je n’aurais pu penser qu’il fût une telle canaille ! Sapristi, maître von Bork, vous allez avoir fort à faire pour vous défendre.