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LA NOUVELLE CHRONIQUE

choses semblables ? soupira von Bork, en homme qui avait eu beaucoup à souffrir.

— Je veux dire les préjugés anglais dans toutes leurs manifestations les plus baroques. Vous savez quel fut mon travail, vous connaissez mes succès, je suis donc bien à l’aise avec vous pour parler de mes gaffes. En voici une. Peu après mon arrivée, je fus invité à une réunion de fin de semaine chez un ministre. On y tint les propos les plus indiscrets.

Von Bork s’inclina.

— J’y étais, fit-il sèchement.

— En effet. Il va de soi que j’envoyai à Berlin un résumé des informations ainsi recueillies. Malheureusement, notre bon chancelier a la main lourde en ces sortes d’affaires : il laissa voir qu’il savait ce qui s’était dit. Bien entendu, je ne tardai pas d’en subir les conséquences. Impossible d’imaginer le tort que me fit cette histoire. Mes hôtes anglais, je vous l’avoue, manquèrent de mollesse. On me tint rigueur deux ans. Mais vous, à la bonne heure ! Avec vos façons de poser pour l’homme de tous les sports…

— N’appelez pas cela une pose. Il s’agit ici d’un don naturel. Je suis né sportsman. Les sports m’amusent.

— Et vous en obtenez d’autant plus de résultats. Yacht, chasse, polo, vous disputez la palme aux Anglais dans tous leurs exercices. Votre four-in-hands remporte le prix à l’Olympia. Je me suis laissé dire qu’à la boxe vous ne le cédiez pas aux jeunes officiers. Aussi personne ne vous prend-il au sérieux. Vous êtes le « bon garçon qui ne s’embête pas », un « type tout à fait propre pour un Allemand », un qui boit sec, passe les nuits au club, court la ville, fait le diable à quatre. Cependant, la tranquille maison de campagne que voici est le centre d’où part une bonne moitié des menées