juré qu’il y passait un sourire d’une abominable malice ; mais je me persuadai que c’était là simplement une contraction nerveuse, car à l’instant même il se retournait vers moi d’un air de sincère intérêt.
— Je suis désolé de ce que vous m’apprenez, dit-il. Je ne connais M. Holmes que pour avoir eu avec lui quelques rapports d’affaires ; mais je professe une grande estime pour ses talents et son caractère. Il poursuit le crime comme moi la maladie. À lui le coquin, à moi le microbe. Voici mes prisons…
Ce disant, il désignait un certain nombre de flacons et de bocaux rangés à côté de lui sur une table.
— Parmi ces cultures gélatineuses, quelques-uns des pires ennemis de l’humanité sont en train de « faire leur temps ».
— C’est parce qu’il connaît votre compétence spéciale que M. Holmes voudrait vous voir. Il a de vous une haute opinion et considère qu’il n’y a que vous à Londres pour lui venir en aide.
Le petit homme sursauta, sa calotte glissa de sa tête.
— Comment cela ? Comment M. Holmes pense-t-il que je puisse l’aider dans ses ennuis ?
— À cause de votre expérience en matière de maladies orientales.
— Mais d’où vient qu’il attribue un caractère oriental à sa maladie ?
— De ce que certaines recherches professionnelles l’ont obligé de travailler parmi des marins chinois dans les docks.
M. Culverton Smith fit un aimable sourire, et se penchant pour relever sa calotte :
— En vérité ? dit-il. J’espère pourtant que l’affaire est moins grave que vous ne le supposez. Depuis combien de temps M. Holmes est-il malade ?