Page:Doyle - La nouvelle chronique de Sherlock Holmes, trad Labat, 1929.djvu/219

Cette page a été validée par deux contributeurs.
219
DE SHERLOCK HOLMES

souffrance, attendant le secours que je devais lui amener, et peut-être comptant les minutes. Ce n’était pas le moment de s’attarder aux cérémonies. Sa vie dépendait de ma promptitude. Avant que le maître d’hôtel ne m’eût transmis la réponse de son maître, j’étais passé devant lui et j’entrais dans la chambre.

Un cri de fureur m’accueillit, un homme se leva d’un fauteuil près du feu. Je vis une grande figure jaune, bouffie, à la peau grenue, au double menton, et deux yeux gris sombre, menaçants, embusqués par-dessous d’épais sourcils roux. Une tête puissante, chauve, portait une petite calotte de velours coquettement posée de côté sur sa courbe rose. Malgré l’énorme capacité du crâne, je constatai avec stupeur, en regardant de plus près, que l’homme était court de taille, frêle, rentré dans les épaules, voûté, comme les gens qui n’ont eu qu’une croissance imparfaite.

— Qu’est-ce que cela ? vociféra-t-il. Que signifie une indiscrétion pareille ? Ne vous ai-je pas fait dire que je vous verrais demain matin ?

— Mille regrets, répondis-je, mais l’affaire dont il s’agit ne souffre aucun délai. M. Sherlock Holmes…

Le nom de mon ami eut un extraordinaire effet sur le petit homme. L’expression de fureur disparut instantanément de son visage, ses traits s’immobilisèrent, il marqua la plus vive attention.

— Vous venez de la part de M. Holmes ? fit-il.

— Je le quitte à peine.

— Qu’y a-t-il donc ? Comment est-il ?

— Très gravement malade. Et c’est ce qui m’amène près de vous.

Il m’offrit un siège, puis s’en fut reprendre le sien.

À ce moment, j’entrevis sa figure, le temps d’un éclair, dans la glace qui surmontait la cheminée, et j’aurais