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LA NOUVELLE CHRONIQUE


VII

SHERLOCK HOLMES MOURANT


La propriétaire de Sherlock Holmes, Mrs. Hudson, était une personne à plaindre. Non seulement elle voyait son premier étage envahi à toute heure par une foule d’individus singuliers et souvent interlopes, mais son étonnant pensionnaire témoignait, dans la vie, d’une excentricité, d’un mépris de la règle qui éprouvaient fort la patience de la pauvre femme. Outre qu’il était d’une négligence incroyable, la manie qu’il avait de faire de la musique aux heures les plus indues ou de s’exercer au revolver dans son appartement, ses expériences scientifiques, toujours bizarres et plus d’une fois malodorantes, l’atmosphère de violence et de danger qui flottait autour de lui, en faisaient le pire locataire de Londres. Mais, d’autre part, il montrait une munificence princière : indubitablement, on eût acheté la maison avec les sommes que Sherlock Holmes paya pour son lover durant les années de notre existence commune.

Il inspirait à Mrs. Hudson un respect qui tenait de la terreur, et, si extravagant qu’il fût, elle n’osait pas intervenir. Au surplus, elle l’adorait, car il était plein de bonne grâce et de courtoisie dans ses rapports avec les femmes ; non pas qu’il accordât au sexe beaucoup de sympathie ni de confiance, mais toujours il se conduisait en adversaire chevaleresque. Sachant l’estime qu’elle