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LA NOUVELLE CHRONIQUE

sommes en terrain ferme. Qu’est-il donc arrivé ? Si M. Mortimer Tregennis dit vrai, l’événement a suivi de très près son départ de la chambre. C’est un point d’une très grande importance. Vraisemblablement, le délai n’aura pas été supérieur à quelques minutes : les cartes traînent encore sur la table, l’heure du coucher de la famille était déjà passée ; cependant les deux frères et la sœur n’avaient ni changé de position, ni repoussé leurs chaises. Je répète donc que l’événement suivit immédiatement le départ de M. Mortimer Tregennis et qu’il était accompli dès onze heures.

« Cela posé, notre premier soin doit être de contrôler autant que possible les mouvements de M. Mortimer Tregennis après son départ. C’est chose facile. Or, ils ne semblent point donner prise au soupçon. Vous connaissez trop bien mes méthodes pour n’avoir pas compris que l’expédient un peu grossier de l’arrosoir renversé ne visait qu’à me procurer une empreinte plus nette de son pied : le sable humide de l’allée m’en a fourni un dessin admirable. La nuit dernière avait, elle aussi, vous vous en souvenez, été humide ; muni de mon empreinte modèle, je n’ai pas eu de peine à relever les autres et à suivre sur le sol la marche de M. Mortimer Tregennis. Il paraît s’être dirigé rapidement vers la maison du vicaire.

« Si donc il a quitté la scène, si tout le mal vient d’une personne arrivée de l’extérieur, comment retrouver cette personne, comment expliquer l’horreur qu’elle aura causée ? Nous n’avons pas à tenir compte de Mrs. Porter, c’est évidemment une femme inoffensive. Y a-t-il rien qui nous prouve qu’un étranger se sera glissé jusqu’à la fenêtre du jardin et, par un moyen quelconque, aura produit sur ceux qui l’ont vu un effet assez terrifiant pour les frapper de folie ? À