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LA NOUVELLE CHRONIQUE

Il désirait, quant à lui, rester libre de communiquer avec les polices américaine et italienne. J’ignore où il a vécu et comment. Je ne savais de lui que ce que m’apprenait la petite correspondance d’un journal. Mais une fois, en regardant par la fenêtre, je vis deux Italiens en faction devant la maison que j’habitais, et j’en conclus que, d’une manière ou d’une autre, Gorgiano avait découvert notre retraite. Enfin, Gennaro m’avertit par le journal qu’il m’enverrait des signaux d’une certaine fenêtre ; ces signaux, en effet, m’arrivèrent, mais ils se réduisirent à des avertissements, et puis s’interrompirent tout d’un coup. Certainement il savait Gorgiano à ses trousses, et, grâce à Dieu, il était prêt à le recevoir. Je vous le demande, messieurs : qu’avons-nous à craindre de la loi ? Devant quel juge la conduite de mon Gennaro serait-elle condamnable ?

— Ma foi, monsieur Gregson, dit l’Américain en regardant le détective, je ne me flatte pas de connaître le point de vue anglais ; mais j’ai lieu de croire qu’à New-York le mari de cette dame recueillerait un verdict de félicitations unanimes.

— Il faut que je conduise Mrs. Lucca devant le chef, répondit Gregson. Si ce qu’elle raconte se confirme, je ne pense pas qu’elle ait beaucoup à craindre. Mais, par exemple, ce qui m’échappe, Holmes, c’est comment vous avez pu vous mêler de cette affaire.

— Curiosité, Gregson, simple curiosité. Je continue de m’instruire à la vieille école. Eh bien, Watson, encore une histoire tragique et grotesque pour votre collection. À propos, il est huit heures, et l’on joue du Mozart à Covent Garden. En nous pressant, nous arriverons pour le deuxième acte.