Page:Doyle - La nouvelle chronique de Sherlock Holmes, trad Labat, 1929.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
141
DE SHERLOCK HOLMES

reconnaissance, je ne ferai rien de sérieux sans mon digne camarade et chroniqueur. Demeurez ici, vous m’y reverrez, selon toute probabilité, dans une ou deux heures. Si le temps vous dure, prenez un cahier de papier ministre et une plume, commencez à raconter comment nous avons sauvé l’état.

Je me sentais gagné par sa confiance et sa bonne humeur, car, lorsqu’il s’abandonnait de la sorte, ce n’était jamais sans cause. Aussi n’attendis-je son retour qu’avec plus d’impatience durant toute cette longue soirée de novembre. Vers neuf heures, un messager m’apporta le petit mot que voici :

Je dîne au restaurant Goldini, Gloucester Road, à Kensington. Ayez l’obligeance de m’y rejoindre tout de suite. Prenez un rossignol, une lanterne sourde, un ciseau à froid et un revolver. — S. H.

Joli équipement pour un honnête citoyen, quand les rues sont drapées d’un brouillard presque impénétrable ! Je fourrai tout cela, discrètement, dans les poches de mon pardessus, et me rendis tout droit au grand restaurant italien dont mon ami me donnait l’adresse. Je l’y trouvai assis à une petite table ronde, près de la porte.

— Vous avez dîné ? Alors, faites comme moi, prenez le café avec un petit verre de curaçao, fumez les cigares de l’établissement, ils sont moins détestables qu’on ne pourrait le craindre. Vous avez les outils ?

— Là, dans mon pardessus.

— À merveille. Laissez-moi vous indiquer, brièvement, d’abord ce que j’ai fait, ensuite ce qui nous reste à faire. Je suppose qu’il est bien évident pour