Page:Doyle - La nouvelle chronique de Sherlock Holmes, trad Labat, 1929.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
DE SHERLOCK HOLMES

C’était une des faiblesses de mon ami de ne savoir pas tolérer une intelligence moins prompte que la sienne.

— Comme si je ne m’en doutais pas ! fit-il en tournant le dos. Ce n’est pas les voitures que j’aurais tenu à examiner. Allons, Watson, nous n’avons plus rien à faire ici. Nous ne vous dérangerons pas davantage, monsieur Lestrade. Nos recherches vont maintenant se diriger du côté de Woolwich.

À London Bridge, Holmes rédigea un télégramme, qu’il me fit lire avant de l’expédier, et qui était ainsi conçu :

Aperçois une lueur, peut-être fugitive. Prière m’envoyer, par messager qui attendra mon retour à Baker Street, liste détaillée de tous espions ou agents internationaux surveillés en Angleterre, avec adresse complète. — Sherlock.

— Cette liste pourrait nous être utile, Watson, me dit Holmes au moment où nous nous installions dans le train de Woolwich. Grâces soient rendues à mon frère Mycroft pour avoir sollicité notre concours dans une affaire, qui, vraiment, promet d’être peu banale.

Je lisais sur son ardente figure cette expression d’énergie, de volonté, où je pouvais connaître qu’une circonstance inattendue et révélatrice venait d’ouvrir à sa pensée un nouvel horizon. Voyez le chien de chasse au chenil : ses oreilles pendent, il porte la queue basse ; lâchez-le sur une piste, et, les yeux en feu, tous les muscles tendus, il n’est plus le même. Ainsi Holmes ce matin-là. Il avait changé du tout au tout. Il n’avait plus rien de commun avec le désœuvré qui, quelques heures auparavant, dans son salon où le brouillard