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DE SHERLOCK HOLMES

— Nous dirons donc qu’il s’était muni de fausses clefs. En possession des plans, il les porte à Londres, dans l’intention, sans doute, d’en vendre le secret, quitte à les remettre en place dans le coffre dès le lendemain matin, avant qu’on s’aperçoive de leur fuite. Mais pendant qu’il est à Londres pour accomplir l’œuvre de trahison, il y rencontre la mort.

— Comment ?

— Nous supposerons qu’il s’en retournait à Woolwich quand on l’a tué et jeté sur la voie ferrée.

— La station d’Aldgate, où l’on a découvert son corps, est située bien après celle de London Bridge, où il aurait dû prendre la direction de Woolwich.

— On peut admettre qu’en raison de certaines circonstances il aura dépassé London Bridge. Imaginez, par exemple, qu’il y eût dans le compartiment un voyageur avec lequel il était engagé dans une conversation très absorbante : cette conversation engendre une scène violente, il y perd la vie. Ou bien il veut quitter le compartiment, tombe sur la ligne et se tue, après quoi l’autre voyageur referme la portière. Le brouillard est intense, nul n’a rien vu.

— Je ne crois pas qu’en l’état présent des faits il puisse y avoir une explication meilleure. Considérez cependant ce qu’elle néglige. Accordons, pour les besoins de la discussion, que Cadogan West avait effectivement décidé d’emporter les papiers à Londres. Dans ce cas, bien entendu, il avait pris rendez-vous avec l’agent étranger qui voulait s’en rendre acquéreur ; il s’était réservé la soirée. Eh bien, pas du tout ; il prend deux billets de théâtre, sa fiancée l’accompagne, et brusquement, à mi-chemin, il disparaît.

— Mise en scène ! dit Lestrade, qui avait, jusque-là, suivi l’entretien avec quelque impatience.